Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
RIEN
2 juin 2008

Je ne m'étais pas préparée...

Lundi 2 Juin 2008, 18h47. (Jeff Buckley, « Hallelujah »)

J’ai froid…Froid comme il y a longtemps.

J’avais imaginé toutes les fins. Enfin non, pas toutes, j’en avais imaginé deux :

Celle où l’on se quittait en connaissance de cause, celle où l’on savait tous deux qu’il s’agirait du dernier baiser, de la dernière étreinte. Une fin horrible, et d’autant plus sublime… Une fin étouffante, où j’aurais couru en pleurant dans les escaliers, où je me serais interdit de me retourner, de te revoir, de m’attacher une dernière fois à ton regard. Une fin qui me faisait souffrir d’avance, qui me déchirait, me tuait un peu. Je t’ai trop laissé de moi, même si tu ne le sais pas. Je me suis offerte à toi, sans concession, entièrement, comme tout ce que je fais. J’ai cherché à allumer ta passion pour moi, à l’entretenir, à te donner tout, parce que je ne voulais pas mentir. En ne te mentant pas, je suis amoureuse de toi ; c’est ainsi.

L’autre fin, plus douce, me semblait d’autant plus monstrueuse et insupportable ; je n’en aurais pas voulu. C’était celle où nous ne nous rappelions pas, du jour au lendemain, sans raison. Où j’aurais vécu dans l’espoir stupide, jusqu’à mon départ, d’avoir de tes nouvelles. Une fin remplie d’espoir, mais qui se traînerait, et me déchirerait d’autant plus.

                Mais la réalité nous a rattrapé. En tout cas, elle m’a rattrapée. Jamais je n’avais songé que la cassure se ferait ainsi. Joli coup du sort, qui renvoie à sa place les amants éperdus. Je sens bien que tu ne me rappelleras plus désormais, que même cette dernière semaine disparaîtra dans ta souffrance. Je ne saurais t’en vouloir, je ne pourrais pas être aussi égoïste. J’ai accordé de l’importance à ce qui n’aurait jamais du en avoir, je n’en suis pas navrée, mais j’aurais aimé que ce soit différent. Comment pourrais-tu être encore le même dorénavant, comment pourrais-je penser que je n’y suis pour rien, que rien entre nous n’a changé? J’attendrai ton appel, je l’attendrai comme la femme de marin revient à toutes les aurores au bord de la mer, voir si elle ne rejette pas le corps de l’être aimé. J’y reviendrai aussi, mais je n’y croirai pas davantage. J’ai trop mal. Mal de ce que nous n’avons pas vécu, de ce que nous n’aurions pas eu le temps de vivre, mais que nous aurions imaginer. J’ai mal du silence, des mots que je ne t’ai pas dit, de l’absence qui va me ronger.

                La réalité m’a trop frappée aujourd’hui. Je l’avais oublié. Je m’étais trop égarée, j’espère qu’il n’en est pas de même pour toi. Je savais la fin inévitable, et je n’aurais rien tenté pour l’empêcher, mais j’aurais aimé qu’elle se soit faite dans la communion de nos âmes te de nos corps, peut-être même dans une souffrance commune, si tu avais partagé mes sentiments.

Mais une fois de plus, c’est à un mur que je me heurte, à un réel trop violent, trop indicible. Je retournerai une nouvelle fois, seule. Je retournerai là-bas, au plus profond de moi-même, là où les sentiments sont si purs et si vivants que je ne sais faire autrement que les partager, là où la douleur sera la plus vive, mais où tu n’auras pas à la partager avec moi, où je ne serai pas un fardeau, mais juste un souvenir. Un souvenir, que j’ose espérer, des plus doux, des plus tendres, des plus étranges. En tout cas, quand le deuil sera fait, de cet amour perdu et inachevé, tu resteras gravé en moi, de cette manière. Souvenir doux-amer, comme mon sourire quand je devais te quitter au soir de nos rencontres…

Je n’ai aucun remord, je dois être trop entière pour cela, mais j’aurai quelques regrets, celui de m’être tue quand j’aurais aimé te dire certaines choses, et celui de n’avoir jamais passé une nuit à tes côtés… Dans L’Insoutenable Légèreté de l’Etre, Milan Kundera écrivait : «  L’amour ne se manifeste pas par le désir de faire l’amour - ce désir s’applique à une innombrable multitude de femmes, mais par le désir du sommeil partagé - ce désir là ne concerne qu’une seule femme. ». J’aurais aimé être de celles-ci. Tu n’en aurais jamais su la valeur, et on ne l’aurait peut-être pas apprécié, mais le don aurait quelque part été total.

                Maintenant, j’ai froid. Peut-être même plus qu’avant… Je ne m’étais pas préparée à toi.

Publicité
Publicité
Commentaires
RIEN
Publicité
Archives
Publicité