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RIEN
18 janvier 2009

2009...

Début d’année… Somme toute banale. 2009.

On l’annonce, année de crise, difficile.

Mais voilà, il faut relativiser, ne pas penser donc. Ne pas penser à ces jours qui se profilent, que je peux apercevoir par delà le brouillard de ce mois de janvier. Non, ne surtout pas chercher à percer tout se trouble, attendre, patiemment, que le sort de lui-même face son œuvre, et espérer qu’il ne s’abatte pas sur soi. Sur moi.

            Les larmes sont si vaines, aucune force, aucun pouvoir. Alors pourquoi continuent-elles de couler ? Elles, si pures et impassibles face au malheur qu’elles expriment. Quel paradoxe. Mais je les sens maintenant si épaisses, si lourdes, si opaques, à croire que la douleur ambiante fini par les toucher. Elles ne se laissent plus essuyer par un simple geste de la manche, non, elles résistent ; elles s’affirment : tu pleureras ! Tu continueras de pleurer ! Pleure, puisque par les temps qui arrivent, tu seras amené à le faire sans cesse davantage !

            Peut-être que de vivre continuellement dans la douleur, nous deviendrons comme les virus face à leur vaccin, nous nous adapterons, et nous résisterons, nous aussi. Et puis, avoir 20 ans, il faudrait cesser d’encenser cet âge. Qui aimerait avoir 20 ans aujourd’hui ? Un avenir obscur, tendant continuellement davantage vers le noir ; manque d’emplois, problème de logements, manque d’argent, licenciement, crise, au secours, à l’aide, insouciance, belle vie, dolce vita, american dream, sweet life, Sex Drugs and Rock’n Roll… quel pitoyable mélange.

            Alors oui, je veux bien, je veux bien continuer de faire ce que nous sommes tous appelés à faire tous les jours, faire semblant d’y croire, ou même y croire vraiment. Mais je me rattache à quoi pour cela ? En qui ? Pourquoi ?

Voilà. Retour au même point, aucune avancée dans le débat. Etre ici, oui, mais à quelle fin ? Je suis une fin en soi, en moi. Je suis une fin en soi, en moi… Me le répéter, encore et encore. Arriver à y croire, y croire pour y croire. Ne se rattacher qu’à soi même. Tu parles d’une joie. Tu parles d’une vie.

            C’est étrange cette sensation de vide. De vide immense. Je crois que je n’avais jamais réalisé à quel point le futur s’apparente à un trou béant, gigantesque, noir, effrayant. Peut-être parce que jusqu’à aujourd’hui, je ne faisais que marcher, plus ou moins tranquillement, en direction de ce trou. J’ignorais même qu’il existait, j’avançais, sur une plaine, avec quelques fossés, quelques collines, mais rien de bien insurmontable. Enfin, je pensais qu’il s’agissait d’une plaine. Mais voilà, je suis arrivée au bout, et c’était un plateau. Et au bout, c’est la falaise, le trou, il n’y a plus de chemin. Le chemin, c’est le saut. Je dois sauter alors même que je n’en vois pas le fond : une mer profonde ? Un sol dur ?

            Cet avenir me semble si impitoyable, insurmontable. J’ai tellement peur. Tellement peur. J’en ai le cœur qui bat plus vite, ce saut, c’est comme un grand-huit, il va me retourner, me couper la respiration.

Je devrais arrêter de penser, c’est de trop penser qui nous fait souffrir. Heureux celui qui ne pense pas. Heureux celui qui ne sait pas. J’entends déjà les protestations à de telles pensées, mais est-ce que j’ai vraiment tord ? Est-ce que l’on ne serait pas mieux de vivre sans soucis ? Puisque d’une manière ou d’une autre, toute cette fange finie par s’abattre sur nous, autant ne pas le savoir, et que ça arrive quand ça doit arriver. J’aimerais tant être simple, un esprit simple et moins torturé, moins anxieux, moins souffrant. J’aimerais qu’on me secoue, qu’on me retourne dans tous les sens, et qu’on parvienne à me convaincre. Me convaincre que demain ne sera pas pire qu’aujourd’hui, que tous ces mots auront été du temps gâché, et que l’avenir est amené à les démentir. J’aimerais.

Mais en attendant, le moment libérateur, la parole tout puissante, le souffle rassurant, je me sens si seule.

Mais c’est peut-être ça aussi, la vie. Peut-être que tout le monde se sent éternellement seul, au fond. Peut-être que tout le monde a l’impression de ne pas être compris, de ne pas être soutenu, chacun à son échelle. Est-ce que ceci devrait être une consolation ? J’espère que non.

Je me relis, des pensées si simplistes, presque enfantines, c’est d’un pathétique effrayant.

Je m’effraie, je me dégoûte, j’aimerais me fondre dans l’atmosphère, dans l’air, devenir « acorporel », n’être plus qu’une idée lancée dans l’air à la recherche d’un meilleur. J’aimerais n’être qu’une pensée, une pensée joyeuse qui sauterait à l’esprit des gens malheureux, déprimés, désespérés. Je me saisirais de leur esprit et leur enverrait tant d’idées joyeuses, de sourires, de souffles chauds dans le cœur, qu’ils en seraient touchés à vie, et garderaient pour toujours l’emprunte de la joie en eux. Je leur donnerais l’image d’un champ de fleurs au printemps, le chant des tourterelles au réveil, un sourire à un inconnu dans la rue, le rire et les larmes d’un enfant, les couleurs de vêtements joyeux, des bulles de savons qui viennent adoucir la rugosité de la vie, des contes qui nous réapprennent à rêver, un câlin tendre qui vient se refermer à jamais sur la douleur et le chagrin… J’aimerais être juste une pensée heureuse.

            Mais je ne suis que larmes, pensées tristes, cœur lourd, solitude, anxiété, peur. Je voudrais être lumière, et je ne suis que ténèbres.

La cause à quoi ? J’ose accuser ce monde qui m’entoure, car il est trop étouffant, il étouffe tout, même les plus grandes aspirations, il les étouffe alors même qu’elles sont à peine sorties de leur cocon. Il étouffe les rêves, les espoirs. Il nous laisse démuni, et il nous abandonne.

Nous sommes des millions d’abandonnés, des milliards. Tous, abandonnés par ce monde destructeur, qui ne laisse derrière lui que souffrance et désillusion. Mais il faut encore y croire, malgré tout. Faire semblant, ou vraiment, il faut y croire.

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