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RIEN
21 mars 2008

dans les trains...

Toujours dans ce train, toujours dans le train, sur les quais, sur les routes, dans les rues, j’use les pavés, la nuit, le jour, le matin, à tout moment. Plus souvent sur les chemins que partout ailleurs, si ce n’est pas en vrai, c’est toujours en esprit. Ame bohème en vadrouille, qui va retrouver ces origines…

            Les paysages défilent, ne se ressemblent pas, puis se ressemblent tant. Toujours les mêmes, dans une similitude que les changements d’heures et de saisons ne parviennent même plus à effacer. Ils me sont tellement monotones, ils ont perdu tout goût de liberté, de nouveauté. Les fauteuils sont usés, trop de gens, trop de bruits, de rires, de larmes, de secrets, de problèmes. J’aimerais être un de ces sièges de voyages, j’aimerais pouvoir voyager sans voir les mêmes choses, parce que chaque passager m’amènerait son histoire, sa vie, ses soucis, ses bonheurs. Je lirais le journal avec untel, plus loin, j’écouterais de la musique, je regarderais un couple s’embrasser et une main se promener à l’abri des autres regards indiscrets. J’aimerais être sur les chemins. 

            Mais ceux-ci ont fini par tellement me lasser.  Je regarde mon reflet dans la fenêtre, l’air blafard de mon visage qu’il me renvoie ne fait rien pour me rassurer. J’essaie de me sourire, je souris comme à la gare, parce que j’aime ce mouvement, ces destinées qui se croisent, sans interférer les unes sur les autres. Quel brouillis, quel mélange, une vitesse, des soupirs, des retards, trop d’avance, des yeux rivés sur le même point ; et c’est à celui qui ira le plus loin, le plus vite.

Celui qui le premier atteindra le wagon de toutes les attentes, qui se posera à la fenêtre, dans le sens du voyage, qui pourra regarder tous les autres entrer, qui pourra se donner un air antipathique pour que personne n’ose lui demander de s’asseoir à ses côtés, ou qui au contraire, pris d’une de ces crises de mélancolie et d’anxiété qui saisit souvent les adeptes du train, sera pris d’une envie de parler au premier inconnu.

Il lui fera alors une place, à sa gauche, ou à sa droite, l’observera, quelques secondes, quelques minutes, c’est selon. Puis, trouvera quelque chose, n’importe quoi, pour lancer la conversation. Et c’est ainsi que les voyages prennent toute leur couleur et toute leur saveur.

On parle de tout, de rien, on dit des choses qu’on tairait à de plus proches connaissances, on ne sait pas les prénoms, mais on s’en fiche, ça dure une heure, c’est du bonheur gratuit, c’est de la joie que l’on s’échange. Et puis, cette personne, elle restera gravée, comme un auto-stoppeur qu’on aurait pris avec soi on the road, et à qui, pendant ce cours espace de temps on s’est entièrement destiné, livré. Les autres passagers, on le sent bien alors, sont jaloux de cette pièce qui se crée dans leur propre monde, alors qu’ils ne peuvent même pas y entrés, parce qu’ils ne savent pas comment s’y prendre.

Puis l’arrivée se rapproche, le bout, le moment tant attendu, et au final presque redouté. On se dit au revoir, le plus dégourdi ose même faire la bise, puis on se dit qu’on se reverra peut-être. Au fond, on ne le souhaite pas, chacun sait que l’on s’est déjà tout dit, que c’était un moment comme ça, pour rien, pour le plaisir, parce que le destin sentait que ces deux âmes avaient quelque chose à s’apporter, et maintenant c’est fait.

Alors, on descend sur le quais, et on a presque ce sourire niais que l’on a après avoir rencontré l’amour, parce que l’on est heureux, heureux que les trains, les gares, ne soient pas que des lieux de passages, qu’il soient aussi des lieux où des moments parviendront à se fixer dans l’éternité de quelques esprits. On est heureux que les gens soient comme nous, au final, que les gens aiment parler, comme ça, sans raison.

            Alors voilà, je suis dans mon train, et aujourd’hui, j’ai préféré rester face à mon écran, parce que c’était avec moi que j’avais envie de parlé, mais demain, un autre jour, j’irai m’asseoir près d’un(e) inconnu(e), et ensemble, on fera du voyage une nouvelle pièce dans notre vie. ET ce voyage ci, malgré les changements d’heures et de saisons qui ne parviennent plus à effacer la similitude, celui-ci sera particulier, unique, parce qu’il y aura une rencontre. Celui-ci sera beau.

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